Un office à la mémoire des victimes de la famine de 1932-33 à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés
Le 26 novembre 2011, en l’église moscovite Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaya Ordynka, a été célébré un office des défunts à la mémoire des victimes de la famine de 1932-33, qui toucha plus particulièrement l’Ukraine, la région de la Volga du Sud, le Caucase du Nord, l’Oural du Sud, la Sibérie occidentale, emportant des millions de vies. La panykhide était célébrée par l’archiprêtre Nicolas Balachov, vice-président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, le père Dimitri Agueev, adjoint au président du DREE et le clergé de l’église.
Avec la bénédiction du Primat de l’Église orthodoxe russe, tous les ans depuis 2006, des offices de requiem sont célébrés le dernier samedi de novembre pour les victimes de cette tragédie dans les églises du Patriarcat de Moscou de nombreux pays.
L’office avait lieu en présence de V. Eltchenko, ambassadeur d’Ukraine en Fédération de Russie, du personnel de l’ambassade d’Ukraine et des paroissiens. Avant de célébrer, l’archiprêtre Nicolas Balachov s’est adressé aux fidèles :
« Aujourd’hui, des millions d’âmes torturées vont défiler devant nos yeux spirituels. Le dernier samedi de novembre est dédié en Ukraine à la commémoration des victimes des famines massives qui frappèrent à plusieurs reprises l’URSS athée dans les années 20 et par la suite. Le pic fut atteint en 1932-33 : des millions d’hommes et de femmes périrent en Ukraine, dans la région sud de la Volga, au Caucase du Nord, en Sibérie occidentale et au Kazakhstan. Ils périrent d’une mort effroyable, longue et douloureuse, après avoir subi la perte de leurs proches et enduré des souffrances physiques et morales atroces, inhumaines.
Tel est le sacrifice que notre peuple dut payer pour avoir tenté de réaliser le projet insencé d’une société « heureuse » sur la terre, sans Dieu et détachée des traditions ancestrales. Pour avoir tenté la modernisation accélérée d’un pays qui paraissait à certains arriéré – alors qu’il avait fourni en son temps du pain à la moitié de l’Europe – nous avons payé du sang de millions de nos compatriotes. Notre Église, comme le déclarait le Concile épiscopal de 2008 vénère dans la prière la mémoire de ses nouveaux-martyrs, aussi bien que la mémoire des innocentes victimes de la famine, de la « dékoulakisation », de la collectivisation forcée, de la déportation de peuples entiers. Cete mémoire est commune à tous les enfants de notre Église. Elle ne divise pas nos peuples, comme certains voudraient peut-être le faire croire, elle les rapproche. Et nous avons un devoir de mémoire envers ceux qui ne sont plus et envers les générations futures.
Que la mémoire de l’Église qui conserve toute l’histoire du peuple, nous garde de semblable tragédie. Que la Mère de Dieu, joie de tous les affligés, intercède pour notre peuple, pour que nos enfants et nos petits-enfants ne voient jamais rien de semblable »
Après l’office, le vice-président du DREE a remercié les fidèles venus prier pour les victimes de la famine. L’archiprêtre Nicolas Balachov a rappelé une fois encore notre devoir devant nos ancêtres, qu’il ne faut pas oublier. « Ces dates font l’objet de plus ou moins d’attention de la part de différentes puissances, mais quelles que soient les circonstances politiques, l’Église continuera à les honorer », a-t-il déclaré.