Le 26 septembre 2011, veille de la fête de l’Élévation de la vénérable et vivifiante Croix du Seigneur, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou a célébré les vigiles et le rite de l’élévation de la Croix en l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés.

Le 27 septembre, jour de la fête, le métropolite Hilarion a présidé dans cette même église la célébration de la Divine Liturgie. Concélébraient l’archimandrite Cyrille (Govorun), premier suppléant du Comité pédagogique de l’Église orthodoxe russe et vice-recteur de l’École doctorale Saints-Cyrille-et-Méthode, l’archiprêtre Dimitri Sizonenko, secrétaire du DREE aux relations interchrétiennes, le prêtre André Elisseev, recteur de l’église de la Nativité d’Antwerpen (Belgique), le prêtre Dimitri Ageev, adjoint du président du DREE et le clergé de la paroisse.

L’évêque Cyrille d’Abydos (Patriarcat de Constantinople) était présent à l’office.

A l’issue de la liturgie, Mgr Hilarion s’est adressé aux fidèles :

« Chers frères et sœurs,

La fête de l’Élévation de la vénérable et vivifiante croix du Seigneur a été instituée au IVe siècle par l’Église de Jérusalem, avant de s’imposer à toute l’Église orthodoxe dans le monde entier. Comme nous l’apprend l’histoire, lorsque le Seigneur Jésus Christ, quelques jours avant sa mort sur la croix vint au temple de Jérusalem, ses disciples lui en firent admirer la beauté et la majesté. Le Sauveur dit alors : « En vérité je vous le dis, il n’en restera pas pierre sur pierre, tout sera détruit » (Mt 24, 2).

Cette prophétie du Sauveur s’est réalisée en l’an 70, lorsque les armées du général romain Tite, devenu plus tard empereur, entrèrent à Jérusalem et la détruisirent totalement. L’antique ville juive fut anéantie, à sa place, on bâtit une ville païenne. Au IVe siècle, le saint empereur égal-aux-apôtres Constantin entreprit de fonder un empire chrétien, aidé en cela par sa pieuse mère, la sainte impératrice Hélène. Sur les rives du Bosphore, il fonda une nouvelle capitale, Constantinople. A la même époque, ce qui restait de l’antique Jérusalem fut soumis à des fouilles afin de reconstruire la ville sainte, en tant que relique chrétienne. C’est alors, au IVe siècle, que les fouilles mirent à jour les lieux saints que nous vénérons aujourd’hui encore : le Golgotha, le lieu de la Résurrection du Christ, le jardin de Gethsémani, le chemin de croix… C’est alors aussi que l’on découvrit la sainte Croix du Seigneur.

Et c’est la découverte de la vénérable et vivifiante Croix du Seigneur qui est à l’origine de la fête d’aujourd’hui, à la fois triste et joyeuse. Joyeuse, parce que c’est l’une des douze grandes fêtes de l’Église : nous glorifions la Croix du Christ et prions notre Seigneur et Sauveur de nous pardonner nos péchés. Triste parce que nous nous souvenons de la Croix à laquelle pendit le Sauveur. C’est pourquoi nous jeûnons sévèrement en cette fête. Aujourd’hui est à la fois un jour de fête et un jour de jeûne. Nous fêtons la grandeur et la gloire de la Croix, nous nous affligeons de nos péchés, des péchés de nos ancêtres, des péchés de toute l’humanité qui ont mené notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ à la croix.

Aujourd’hui, nous avons entendu le récit évangélique des dernières heures et des dernières minutes de la vie du Seigneur Jésus Christ. Nous avons entendu comment le Sauveur du monde, le fils de Dieu incarné fut crucifié sur la croix sur un complot des grands-prêtres et des scribes, sous l’influence des cris de la foule. Et personne n’avait alors conscience de ce qui se produisait dans la ville sacrée de Jérusalem. Ils croyaient crucifier un homme qui avait enfreint les usages et les traditions en se déclarant Fils de Dieu, en violant le sabbat et en n’accomplissant pas toutes les prescriptions de la loi. Et ils crucifièrent avec lui deux bandits, afin que cette exécution frappe et enseigne le peuple…

Lorsque sainte Hélène découvrit la Croix du Seigneur, ce sont trois croix qui furent mises à jour. Et l’on ne sut pas de suite laquelle était celle du Seigneur, lesquelles étaient celles des brigands. Ce n’est qu’après que la sainte croix ait été appliquée sur un malade et qu’il eût été guéri (selon une autre version, sur un mort qui ressuscita) que l’on put déterminer laquelle avait porté le Seigneur. Alors, le patriarche de Jérusalem éleva avec joie la croix devant la foule qui, voyant l’instrument de torture en même temps que la plus grande relique du monde chrétien, s’exclama : « Seigneur, aie pitié ! » parce qu’il n’y avait rien d’autre à crier devant la Croix du Christ.

Le jour de la fête de l’Élévation de la Croix du Seigneur, en mémoire de cet évènement joyeux et triste, nous élevons la croix en signe de victoire de la vie sur la mort, du bien sur le mal, de la justice sur l’injustice, de la vérité divine sur le mensonge humain. Nous adorons la Croix du Christ, instrument de notre salut. Nous la baisons, car nous savons que la puissance vivifiante de Dieu se répand sur nous par la Croix. Nous savons que la gloire de Dieu habite la Croix, et nous prions non seulement le Crucifié, mais la Croix elle-même, nous exclamant : « O très vénérable et vivifiante Croix du Seigneur, aide-nous avec notre Sainte souveraine la Vierge et Mère de Dieu ! » Et nous croyons en nous exclamant, que la Croix du Seigneur entend notre prière, peut nous conférer son aide et sa force, nous garder de tout mal et nous conduire sur le chemin du salut.

Que la Croix de notre Seigneur Jésus Christ soit l’étoile qui guide notre route. Adorons la Croix du Christ et demandons à Dieu des forces ; prions pour que le Seigneur aide chacun de nous à porter sa propre croix, qui est pour certains plus lourde, pour d’autres plus légère, chacun ayant la sienne qui lui pèse, et c’est pourquoi nous avons besoin de l’aide de Dieu pour la porter.

Que la Croix du Christ nous entoure, qu’elle nous garde de tout mal. Adressons nos prières à la Croix du Seigneur afin qu’elle nous garde de tout mal. Et demandons à notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ crucifié sur la croix et ressuscité, de bénir notre vie, nos travaux, nos familles, nos proches, nos collègues, afin que gardés par la croix nous avancions ensemble sur le chemin du salut, vers la vie éternelle et le Royaume des cieux. Amen »