Le métropolite Hilarion : « La vie terrestre est un temps d’action»
Le 29 mai 2011, 6e dimanche après Pâques dit « de l’aveugle-né », le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou a célébré la liturgie à l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés (Moscou). L’évêque Cyrille d’Abydos (Patriarcat de Constantinople), effectuant à Moscou un séjour linguistique, l’archimandrite Cyrille Govorun, président du Comité pédagogique de l’Église orthodoxe russe, l’archiprêtre Vitaly Tarassev, recteur de la Représentation de l’Église orthodoxe russe à Belgrade, le prêtre Dimitri Agueev, assistant du président du Département des relations extérieures et le clergé de la paroisse concélébraient.
Après l’office, Monseigneur s’est adressé aux fidèles :
« Le Christ est ressuscité ! »
Chers frères et sœurs, dans l’évangile de l’aveugle-né, nous entendons le Seigneur Jésus Christ nous rappeler que nous devons agir tant qu’il y a de la lumière. Viendra un temps où il n’y aura plus de lumière et l’homme ne pourra plus rien faire (cf Jn 9, 14). Le Christ a prononcé ces paroles avant de guérir l’aveugle-né, un homme qui n’avait jamais vu la lumière avant que le Seigneur lui-même, de sa main divino-humaine, ne lui ait ouvert les yeux afin qu’il voit la lumière et se réjouisse. Mais le Seigneur lui rappelle, à lui et à tous ceux qui l’écoutent ou lisent ce récit que la lumière brille pour que nous agissions, et non pour que nous perdions notre temps en oisivetés et en distractions.
Le Seigneur ouvre nos yeux afin que nous voyions. Il envoie la lumière à chacun de nous afin que nous puissions distinguer le blanc du noir, la lumière des ténèbres. Viendra un temps où l’homme ne pourra plus rien faire, lorsque s’achèvera notre chemin sur cette terre. La vie terrestre est donnée pour que nous agissions, et nous devons veiller à ce que chacun de nos jours, chacune de nos heures et chacun de nos instants nous profite spirituellement à nous et à notre entourage. Nous devons veiller à ne pas passer un seul jour ni une seule heure dans l’oisiveté. Le Seigneur nous demandera compte non seulement du mal que nous aurons fait mais aussi du bien que nous aurions pu faire mais n’avons pas fait, nous rappelle saint Syméon le Nouveau Théologien.
Cette vie est un temps d’action. Tout homme, là où le Seigneur l’a placé peut et doit faire de bonnes actions. Chacun de nous est entouré de proches, c’est-à-dire de ceux, suivant l’Évangile, qui ont besoin de notre aide, de notre conseil, de notre intercession, qui ont parfois simplement besoin que nous partagions leurs chagrins et leurs joies. Dieu ne nous a pas fait naître comme des individus isolés, il nous a rassemblés en Église. Non pour que nous restions seuls, mais pour que nous nous sentions une seule communauté, l’équipage d’un même navire voguant vers le Royaume des cieux. Les marins savent qu’il ne doit pas y avoir entre eux d’animosité, ni de discorde car ils vont vers un même but. Si l’équipe ne travaille pas de concert, non seulement elle n’atteindra pas le but, mais le navire risque de faire naufrage.
L’Église est un navire, nous en sommes l’équipage. L’un d’entre nous est capitaine, un autre est navigateur, d’autres sont matelots, d’autres encore passagers, mais nous avons tous intérêt à ce que le bâteau ne se brise pas sur les récits ni ne coule, mais atteigne heureusement son port, le Royaume des Cieux, avec tous ceux qui sont à bord.
Que faut-il pour cela ? Avant tout espérer en Dieu, le prier, être solidaires les uns des autres. Il ne doit y avoir aucune discorde ni aucune dissension entre les membres de l’Église, aucun conflit, aucun malentendu. Chacun de nous doit comprendre que l’œuvre commune est plus importante que nos activités individuelles, les intérêts communs comptent plus que les intérêts particuliers. Nous devons être prêts à nous sacrifier pour atteindre tous le but que le Seigneur nous a assigné et pour lequel il nous a créés.
Il y a des gens qui, aveugles spirituels, ne savent pas distinguer le bien du mal. Il y a ceux qui ne voient pas la main de Dieu dans leurs vies et sont incapables d’agir correctement, de penser correctement et de faire le bon choix au bon moment car leur vue spirituelle est défaillante. Le Seigneur nous a conduit dans son Église, nous a ouvert les yeux pour que nous distinguions la lumière des ténèbres, le bien du mal, pas seulement en théorie, mais aussi dans nos vies. Notre vie doit servir d’exemple à notre entourage. Nous, chrétiens, devons être semblables à ces guides d’aveugles qui peuvent conduire où il faut, raconter ce qu’il faut, ouvrir les yeux de l’âme.
Le Seigneur accomplissait des miracles lorsqu’il était sur cette terre, mais il continue à répandre ses bienfaits à travers son Église, à travers ses ministres. Je pense que beaucoup d’entre nous peuvent témoigner de la présence de Dieu dans leurs vies, témoigner de ce que la main ferme du Seigneur nous conduit, nous mène miraculeusement sur le chemin du salut ou nous sauve de la perte. C’est pourquoi nous ne devons pas vivre comme des aveugles, mais comme des voyants, demeurer dans la lumière et non dans les ténèbres. Souvenons-nous que tant que le Christ est avec nous, la lumière est avec nous. Si nous gardons sa présence dans nos communautés, dans nos familles, dans notre vie personnelle, nous franchirons le seuil de cette vie avec le Christ et il viendra à notre rencontre. Et cette vie au-delà de la mort ne sera pas pour nous ténèbre, car dès ici, sur cette terre, nous aurons appris à vivre dans la lumière, à vivre avec le Christ.
Dieu donne à chacun de vous de toujours comprendre cette vérité ! Fasse Dieu que chaque jour et chaque heure de notre vie nous rapproche au moins un peu de ce qui est le but de notre existence, le Royaume de Dieu où tous les saints demeurent avec le Christ dans une lumière ineffable, indicible, une lumière qui ne pâlira jamais. »
Le président du Département des relations extérieures a ensuite salué l’évêque Cyrille d’Abydos, qui l’a chaleureusement remercié, remarquant qu’il était heureux de séjourner pour la seconde fois à Moscou et d’être en contact direct avec les traditions russes. « Maleureusement, je ne peux pas encore parler russe, je dois m’exprimer dans d’autres langues. Il existe cependant la langue de l’amour de la foi commune qui nous inspire et nous unit » a-t-il souligné.