Le 28 avril 2011, le Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie donnait une grande réception à l’occasion de la fête de Pâques. A son arrivée, le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a été accueilli par S. Lavrov, ministre des Affaires étrangères.

Étaient également invités à la réception le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, l’archevêque Arsène d’Istra, l’archevêque Jean de Belgorod, président du Département de la mission, l’archevêque Marc d’Egorievsk, responsable des établissements à l’étranger, l’évêque Irinarque de Krasnogorsk, responsable des aumôneries des prisons, l’évêque Panteleimon de Smolensk, président du Département pour le ministère caritatif et social, l’évêque Tikhon de Podolsk, président de la Direction financière du patriarcat, le père Vsevolod Tchapline, président du Département pour les rapports avec la société civile, Vladimir Legoida, président du Département de communication, l’archiprêtre Vladimir Divakov, secrétaire du Patriarche de Moscou pour la ville de Moscou, l’archiprêtre Vladimir Siloviev, rédacteur en chef des Éditions du Patriarcat de Moscou, l’archiprêtre Nicolas Balachov et l’higoumène Philarète Boulekov, vice-présidents du Département des relations extérieures, l’higoumène Philippe Ryabykh, représentant du Patriarcat de Moscou au Conseil de l’Europe, des collaborateurs des institutions du Patriarcat de Moscou, des membres du clergé orthodoxes. Étaient aussi présents les représentants des Églises orthodoxes locales près la chaire patriarcale moscovite : l’évêque Antoine de Moravitch (Église serbe), l’archimandrite Stéphane Dispirakos (Église orthodoxe de Jérusalem), l’archimandrite Zachée Wood (Église orthodoxe en Amérique), l’archiprêtre Alexis Iouchtchenko (Église orthodoxe de Tchéquie), ainsi l’archimandrite Vakhtang Liparteliani, clerc de l’Église orthodoxe de Géorgie, chargé de la communauté géorgienne de Moscou. Étaient enfin invités des personnalités du monde scientifique et des organisations civiles russes, des diplomates étrangers ainsi que des représentats des Églises hétérodoxes chrétiennes et des communautés religieuses traditionnelles de Russie.

S. Lavrov a salué les invités, rassemblés dans la Salle blanche de l’hôtel des réceptions du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie. Le ministre a remarqué le poids de l’Église en tant qu’institut le plus important et le plus respecté au sein de la Russie contemporaine, soulignant que durant toute l’histoire multiséculaire du pays, l’Église orthodoxe russe avat été la gardienne des valeurs traditionnelles de notre société, l’amour du prochain, la capacité au don de soi, la tolérance, la paix entre les hommes, la justice.

« Aujourd’hui, la question des repères moraux et de la vérité est plus que jamais actuelle, non seulement pour les personnes ou les nations en particulier, mais pour les relations internationales et la paix en général », a-t-il assuré.

Suivant S. Lavrov, la mise en place d’un système harmonieux et juste de relations internationales est pratiquement impossible sans référence au fond moral commun aux principales religions du monde, sans la reconnaissance d’une « loi morale supérieure ». « Seulement sur cette base il est possible de s’opposer efficacement aux manifestations de racisme, de xénophobie, d’intolérance, aux tentatives de diviser le monde en fonction de critères religieux ou civilisationnels », a ajouté le ministre. Rappelons les conséquences terribles de toutes les tentatives d’instrumentaliser les divergences religieuses ou culturelles, celles de l’intolérance envers les autres confessions et les autres cultures.

S. Lavrov a attiré l’attention de ses auditeurs sur le revers de la médaille, le sécularisme militant, qui prétend à la place de religion au sein de la société, avec le passage à une position de relativisme moral, à une approche dite « situationnelle » des problèmes internationaux, à des tentatives d’imposer cette échelle de valeurs à toute l’humanité.

« Il nous semble évident que cette approche conduit à une impasse, a déclaré le chef de la politique étrangère russe. Ceux qui oublient leurs racines religieuses et morales auront du mal à trouver un terrain d’entente avec les représentants d’autres cultures et d’autres civilisations. »

La question du rôle de la religion dans le monde contemporain, du rapport entre les droits de l’homme et les traditions s’impose de plus en plus dans le discours politique, a remarqué le ministre des Affaires étrangères. En mars de cette année, le Conseil de l’ONU aux droits de l’homme a adopté la résolution proposée par la Fédération de Russie « Incitation aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales grâce à une compréhension approfondie des valeurs traditionnelles de l’humanité ». En dehors de la Russie, le document compte 75 états pour coauteurs. La résolution entend montrer que la dignité, la liberté et la responsabilité sont des valeurs traditionnelles universelles, dont la compréhension approfondie permet une meilleure défense des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

L’Église orthodoxe russe apporte une contribution intellectuelle importante à l’élaboration de ces questions, a assuré S. Lavrov. Nos partenaires étrangers ont apprécié la profondeur philosophique de l’analyse proposée dans le livre de Sa Sainteté le Patriarche « Liberté et responsabilité ». Nous observons avec plaisir la montée constante de l’autorité de notre principale confession en Russie et à l’étranger, la restauration des églises, l’affermissement du rôle des paroisses russes dans les pays de la Confédération des états indépendants et, plus généralement à l’étranger, où nos compatriotes se rallient autour de ces éléments importants du monde russe. »

Il a constaté que le Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie était prêt à intensifier sa collaboration avec l’Église orthodoxe russe, y compris dans le cadre d’un groupe de travail, et qu’il aiderait à la résolution des différents problèmes concernant le travail hors des frontières russes. « Les activités diversifiées de l’Église orthodoxe russe forment une base importante pour le développement des relations inter-gouvernementales, favorisent leur harmonisation, de même que l’Égllise dans sa collaboration avec les autres confessions de Russie contribue à leur consolidation et à la bonne santé morale de la société à l’intérieur de notre état », a souligné le ministre.

S. Lavrov a remis au Primat de l’Église orthodoxe russe la médaille « A. M. Gortchakov » « en signe de reconnaissance de vos mérites dans la promotion des idéaux du bien dans le monde entier ».

Le Patriarche Cyrille a présenté à son tour ses vœux à l’occasion de la fête de la Lumineuse Résurrection du Christ. Dans son allocution, Sa Sainteté disait en particulier : « Les croyants sont convaincus de ce que la voie de l’établissement de bonnes relations entre les peuples passe par la consolidation des valeurs spirituelles et morales fondamentales pour l’existence des nations et des civilisations. Les valeurs morales traditionnelles occupent une place particulière dans ce domaine. »

Le Primat de l’Église russe a approuvé les efforts des diplomates russes dans leur promotion de la résolution adoptée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU : « Mus par les idéaux et les principes les plus hauts, vous avez su élaborer un nouveau paradigme de la philosophie des droits de l’homme, dans le cadre duquel les droits impliquent la dignité et la responsabilité des hommes. L’absence de lien entre droits de l’homme et responsabilité morale peut entraîner une émancipation des instincts qui, s’appuyant sur le concept de droits de l’homme, détruira tout et soumettra le monde environnant à la satisfaction des besoins instinctifs.

En souvenir de la fête, Sa Sainteté a offert à S. Lavrov un œuf de Pâques. Ensuite, le Chœur synodal de Moscou a interprété des chants de Pâques sous la direction d’A. Pouzakov, artiste émérite de Russie.