Le métropolite Hilarion de Volokolamsk célèbre le mardi saint à l’Université Saint-Tikhon
Le 19 avril 2011, mardi saint, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou et recteur de l’École doctorale Saints-Cyrille-et-Méthode a célébré la liturgie des Présanctifiés en l’église Saint-Nicolas-des-Forgerons, église rattachée à l’Université orthodoxe Saint-Tikhon. L’archiprêtre Vladimir Vorobiev, recteur de l’Université, le père Dimitri Agueev, adjoint au président du Département des relations extérieures, les clercs enseignants et collaborateurs de l’Université et les clercs de l’église concélébraient. L’évêque Pantéléimon de Smolensk et Viazma assistait également à la liturgie.
Le père Vladimir Vorobiev, recteur de l’Université, a accueilli Mgr Hilarion aux portes de l’église. La liturgie était chantée par le chœur de la faculté de théologie de l’Université Saint-Tikhon.
A l’issue de l’office, le métropolite Hilarion de Volokolamsk s’est adressé aux fidèles :
« Éminence, Monseigneur Pantéléimon,
Très Révérend Père Vladimir,
Chers pères, frères et sœurs !
Je suis heureux de me retrouver aujourd’hui à l’Université orthodoxe des Sciences humaines Saint-Tikhon en cette semaine sainte et de célébrer la liturgie des Présanctifiés dans cette église où je venais il y a près de trente ans, étant alors écolier, assister à l’office célébré par l’archiprêtre Vsevolod Schpiller, de bienheureuse mémoire.
En ces jours de la Semaine sainte, les chants liturgiques et les lectures de l’Évangile nous parlent de la longanimité divine. Nous lisions aujourd’hui l’enseignement de notre Seigneur Jésus Christ sur le Jugement dernier et quelques paraboles consacrées au même sujet : le Jugement dernier, l’attente du Sauveur, Époux ou Juge.
Voici la parabole des dix vierges : elles attendent le Fiancé qui est en retard. Certaines vierges ont fait provision d’huile et attendent pieusement ; d’autres se sont oubliées et ne souviennent qu’il faut remplir leurs vases d’huile lorsque le Fiancé est déjà aux portes. Et elles arrivent trop tard. Les vierges folles s’agitent à la dernière minute, cherchent de l’huile, en demandent aux vierges sages, mais ne trouvent rien. L’Époux entre, les portes se ferment.
Dans la parabole des talents, le Seigneur raconte comment un maître remit des talents à chacun de ses serviteurs avant de partir en voyage, afin qu’ils les fissent fructifier. Tous suivirent son conseil, mais un serviteur qui avait reçu un seul talent l’enterra et lorsque le maître revint il lui répondit : « Seigneur, dit-il, j’ai appris à te connaître pour un homme âpre au gain : tu moissonnes où tu n’as point semé, et tu ramasses où tu n’as rien répandu. Aussi, pris de peur, je suis allé enfouir ton talent dans la terre : le voici, tu as ton bien. » (Mt 25, 24-25).
Ces paraboles nous parlent de la longanimité de Dieu qui donne à chacun le temps de mettre en œuvre ses talents, ses capacités, de faire provision de l’huile spirituelle nécessaire à la rencontre avec le Fiancé. Personne ne sait quand viendra le jour du second et redoutable avènement du Seigneur Jésus Christ, ni quand sonnera l’heure de la mort pour chacun d’entre nous. Nous devons veiller à bien disposer du temps de la vie qui nous est donné et des talents que nous avons reçus de Dieu.
C’est une grande erreur que d’attribuer nos talents et nos capacités à notre propre mérite. Il n’est pas raisonnable de croire que nous devons ce à quoi nous sommes parvenus à notre zèle et à nos efforts personnels. En fait, tout ce que nous avons de bon a été posé par Dieu. Nous n’avons pas acquis nous-mêmes nos talents ou nos facultés, nous les avons reçus de Dieu. Il dépend de nous d’utiliser ce talent pour le bien, de le faire fructifier ou de l’enterrer, mais il ne nous appartient pas, nous n’en sommes pas propriétaires. Dieu nous donne des talents pour que nous les mettions en œuvre, multipliant nos richessses spirituelles et les partageant avec nos proches.
A la veille de sa mort sur la croix, le Seigneur nous appelle une fois de plus à réfléchir au sens de notre vie, à la façon dont nous passons notre temps : faisons-nous fructifier les talents qu’il nous a donnés ou les avons-nous enterrés.
Le Seigneur est longanime mais n’est pas inactif. Tôt ou tard, viendra l’heure du Second avènement, tôt ou tard chacun de nous sera confronté à la mort, même si, à cause de notre jeunesse ou par inconscience il nous semble parfois que cette heure est si éloignée qu’il est inutile d’y penser.
En fait, il faut toujours penser à la mort, sans attendre pour cela la vieillesse. Mais le souvenir de la mort ne doit pas susciter terreur et découragement. Il importe avant tout de veiller à ce qu’aucun des jours de notre vie ne soit vécu en vain, à ce qu’aucun des talents reçus de Dieu ne soit mis en terre. Nos veilleuses doivent toujours être pleines d’huile spirituelle parfumée, afin d’être prêt à tout moment à accueillir le Fiancé venant à notre rencontre.
En ces jours de la Semaine sainte, nous chantons à l’église ces mots étonnants : « Voici l’Époux, il arrive au milieu de la nuit, bienheureux le serviteur qu’il trouvera vigilant, malheureux au contraire celui qu’il trouvera dans l’indolence ». Pourquoi dit-on que le serviteur indigne est indolent ? Parce que l’indolence est un état spirituel dans lequel l’homme, au lieu de d’agir ne fait rien du tout. Au lieu de s’occuper de l’huile de ses lampes, il cesse de s’inquiéter de quoi que ce soit. L’indolent demeure complètement passif, il lui semble qu’il n’arrivera à rien, que le monde entier lui en veut, qu’il ne peut utiliser ses facultés créatrices et autres.
Durant tout le Grand Carême, nous avons prié pour que le Seigneur éloigne de nous l’esprit d’oisiveté, de découragement et de bavardage. Ces défauts sont liés les uns aux autres, comme des frères jumeaux. L’indolence, le découragement engendre l’oisiveté et l’oisiveté engendre l’indolence. Il est facile de tomber dans le découragement pour celui qui ne s’inquiète pas de faire le bien et de ne pas perdre en vain ne serait-ce qu’une heure de sa vie. Son âme vacille, il n’est pas motivé pour faire le bien et continuer incessamment sa quête artistique et spirituelle. Qui permet à l’esprit de découragement et de bavardage de s’immiscer dans son âme a bien du mal à créer et à faire le bien, car il gaspille ses forces spirituelles. Ces gens qui attendent passivement le jour suivant ne savent pas pourquoi ils vivent.
Le temps de notre vie est déterminé par sa qualité, ses résultats, et chaque jour que nous vivons nous rapproche de Dieu ou nous éloigne de lui. En ces jours de la Semaine sainte, nous devons repenser à la qualité de notre vie, non pas comme nous l’avons fait durant le Grand Carême, à travers le prisme du repentir et de l’examen de nos propres péchés, mais à la lumière de ce que nous entendrons dans les évangiles et les chants liturgiques, à la lumière, avant tout, de l’exploit de notre Seigneur Jésus Christ accompli pour la rédemption de chacun de nous, pour que nous soyons sauvés de la ténèbre du péché et de la mort éternelle.
Le Seigneur Jésus Christ est venu dans le monde pour nous sauver de la mort, nous donner la résurrection et la vie éternelle. Mais il est venu aussi pour qu’en levant les yeux vers lui, en contemplant sa vie, ses souffrances et sa mort, nous sachions comment être un homme, comment vivre, comment employer ses talents pour le bien de nos proches, comment disposer de la vie qui nous est donnée.
Souvenons-nous que notre vie sur la terre ne durera pas indéfiniment, que ses jours sont comptés. Pour chacun viendra l’heure où l’Époux se présentera, beaucoup d’entre nous seront pris par surprise. C’est pourquoi nous devons chaque jour nous préparer à cette rencontre et garder nos lampes allumées. Faisons fructifier nos talents, ne les enterrons pas. Attendons l’heure de la mort avec émotion et allégresse, comme les premiers chrétiens attendaient le second avènement du Christ : « Viens Seigneur Jésus ! » (Ap 22, 20). Amen. »
L’archiprêtre Vladimir, recteur de la paroisse et de l’Université Saint-Tikhon a chaleureusement remercié le métropolite Hilarion de sa venue. Il a présenté à l’archipasteur une icône brodée du Sauveur et de la Mère de Dieu « en mémoire de la liturgie d’aujourd’hui et en signe de notre désir de travailler avec vous pour le Seigneur, le bien de l’Église et celui de notre peuple. Nous demandons votre bénédiction et espérons porter ensemble à Dieu nos talents », a ajouté le recteur de l’université.
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