Le métropolite Hilarion : La vie nous est donnée pour que nous nous exercions à la vertu
Le 3 avril 2011, quatrième dimanche du Carême, date à laquelle l’Église fête saint Jean Climaque, le métropolite Hilarion, président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou a célébré la liturgie dans l’église moscovite Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés. Parmi les concélébrants figuraient l’archevêque Niphon, représentant du Patriarcat d’Antioche, l’évêque Antoine de Moravitchi, représentant du Patriarcat de Serbie, l’higoumène Philippe Riabykh, représentant du Patriarcat de Moscou à Strasbourg. L’archevêque Jonathan de Tulsa et Braclaw assistait à la liturgie. Le chœur synodal de Moscou, sous la direction d’A. Pouzakov, artiste émérite russe, interprétait des chants du métropolite Hilarion, de l’archevêque Jonathan, d’E. Azeev, d’A. Arkhangelsky, de D. Bortnianski, de N. Daniline et de Y. Kostiouk.
A l’issue de la liturgie, le président du Département des relations extérieures s’est adressé aux évêques présents. Il a ensuite rappelé à l’assemblée que l’Église fêtait ce jour la mémoire de saint Jean Climaque, l’auteur de la fameuse « Échelle de l’ascension spirituelle ».
« Ce livre a été écrit au VIIe siècle pour les moines du Mont Sinaï, mais il n’a rien perdu de son actualité. Toute la vie spirituelle du chrétien y est présentée comme une achelle permettant de s’élever vers Dieu, une échelle comportant trente marches, dont chacune est soit le rejet d’un vice, soit l’acquisition d’une vertu. Durant l’ascension, il est impossible de s’arrêter au renoncement à tel défaut ou à l’acquisition d’une seule vertu. L’homme doit parcourir tout ce chemin à maintes reprises, se libérant de ses passions, de ses vices, de ses habitudes, acquérant les vertus qui lui sont nécessaires pour être sur cette terre un vrai chrétien, pour s’unir au Christ et hériter du Royaume des cieux dans la vie à venir.
Tous ne se libèrent pas de leurs défauts et n’acquièrent pas les vertus de la même façon et dans le même ordre. Et il n’est pas donné à chacun de marcher exactement dans les pas de saint Jean Climaque et de gravir les trente marches. Mais il y a une chose que nous devons savoir : la vie nous est donnée pour que nous nous exercions à la vertu et nous débarassions de nos défauts, de nos mauvaises habitudes et de nos mauvais penchants. Si le Seigneur avait perdu tout espoir en notre amendement, il aurait mis fin à notre vie sur la terre et nous serions passé à une autre vie. Si le Seigneur nous supporte ici, sur la terre, c’est qu’il garde espoit en notre correction.
C’est pourquoi si quelqu’un a de mauvaises habitudes ou de mauvais penchants, il doit utiliser le temps de cette vie à s’en libérer. A lui de voir comment s’y prendre. Chacun combat ses passions à sa manière. Le pire survient lorsque l’homme cesse de lutter, s’habitue à ses défauts, se dit en lui-même : « Je suis comme je suis, je n’y peux rien, c’est Dieu qui m’a fait comme ça ». Dieu a créé chacun de nous afin que nous gravissions la voie de la vertu. Chaque jour, et plusieurs fois par jour, le Seigneur nous offre la possibilité de faire le bien. Bien souvent, par paresse, négligence, fatigue, manque d’énergie et de volonté, nous repoussons ces avances. De la même façon, le Seigneur donne à chacun la possibilité de ne pas faire le mal, de repousser les mauvaises pensées, de se débarasser de nos mauvaises habitudes, et l’homme, par inertie, par manque de confiance, ne veut pas prendre sur soi.
La tâche principale de chacun d’entre nous consiste à travailler constamment sur nous-même, au quotidien, demandant à Dieu de nous aider sur ce chemin spirituel qui conduit au Royaume des cieux. Pourtant, bien souvent, nous préférons nous occuper des autres. Nous voulons corriger nos proches, nous pensons qu’ils ne sont pas tels qu’ils devraient être ! Et comme il est difficile d’obliger quelqu’un à devenir tel que nous espérons le voir devenir ! Pourtant, notre objectif ne devrait pas être la correction des autres. Nous ne pourrons les corriger que lorsque nous nous serons corrigés nous-mêmes. Nous pourrons enseigner aux autres la vie chrétiennes lorsque nous ne nous contenterons plus de parler des vertus, mais les mettrons en pratique.
Saint Séraphim de Sarov disait : « Acquiers la paix et des milliers se sauveront autour de toi ». Tant que nous n’aurons pas acquis un esprit de paix au-dedans de nous, tant que nous ne nous serons fermement engagé sur le chemin de la vertu menant au Royaume des cieux, nous ne pourrons rien prouver à personne et ne pourrons rien enseigner à personne. Nous devons vivre de façon à ce que les autres disent « Ça c’est un chrétien, j’ai envie de prendre modèle sur lui ». Ce sera le meilleur sermon possible.
C’est pourquoi redoublons de sobriété et d’ascétisme, en cette vie et plus particulièrement en ces jours du Grand carême, pour nous exercer à la vertu, déraciner les mauvaises habitudes et, en travaillant sur soi-même, transfigurons et ceux qui nous entourent et le monde qui nous entoure. Prions saint Jean Climaque qu’il nous aide sur cette voie. Amen ».