Le 9 mars 2011, mercredi de la première semaine du Grand carême, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la liturgie des Présanctifiés en l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les affligés. Le père Dimitri Agueev, adjoint du président du Département et clerc de la paroisse, concélébrait.

Avant l’office, Mgr Hilarion a vénéré l’icône de la Mère de Dieu « Joie de tous les affligés », puis le reliquaire contenant des parcelles de la Tunique du Seigneur, de la Robe de la Mère de Dieu, de la table de la Sainte Cène, du tombeau du Seigneur, de la couronne d’épines, du roseau de la passion, de la colonne et des verges de la flagellation.

L’office était chanté par le Chœur synodal de Moscou sous la direction d’A. Pouzakov, artiste émérite de Russie. Les choristes ont interprété entre autres les pièces « Que ma prière s’élève devant toi » et « Maintenant les puissances célestes » écrites par Mgr Hilarion en 1987, pendant un pèlerinage au monastère du Saint-Esprit de Vilnius.

Après la liturgie, le métropolite Hilarion s’est adressé aux fidèles :

« Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit.

Chers frères et sœurs, nous avons célébré la première liturgie des Présanctifiés de ce Grand carême. Elle est instaurée par l’Église afin que nous puissions restaurer notre corps et notre esprit par la communion au Corps vivifiant et au Sang vénérable de notre Seigneur Jésus Christ les jours de semaine, lorsque l’Eucharistie n’est pas célébrée.

« Voici que s’est levé le printemps de l’ascèse » : par ces mots, l’Église nous rappelle que le temps du Grand carême correspond au printemps du calendrier. Nous vivons aujourd’hui, peut-être, un premier jour printanier : la neige est toujours là, mais le soleil est plus lumineux, les congères commencent à fondre sous la chaleur de ses rayons. N’est-ce pas l’image de ce qui se produit dans l’âme humaine lorsque s’ouvre la Sainte Quarantaine ? A cause de notre vie de péché, à cause de notre relâchement et de notre inattention, notre âme semble geler, notre cœur est comme pris dans les glaces. Comment le froid de notre cœur fondra-t-il, si ce n’est sous les rayons de la lumière vivifiante s’échappant du Soleil de justice, le Christ notre Dieu ? Qu’y a-t-il de plus profitable à l’âme de chacun d’entre nous que le temps du Grand carême lorsque nous venons à l’église de Dieu pour y assister à ces offices extraordinaires, où tout, les mélodies, l’atmosphère, invite au repentir ?

La pénitence est le moyen que l’Église a instauré afin que nos âmes s’illuminent de la lumière divine. Tant que l’homme ne se repent pas, il ne prend pas conscience de ses péchés, et tant qu’il ne prend pas conscience de ses péchés et de ses chutes, il ne peut changer de vie. Tant que l’homme ne change pas de vie, les rayons du Soleil de justice ne peuvent pénétrer dans son âme enténébrée et faire fondre les glaces de son cœur.

Le temps du Grand carême nous est donné afin que nous nous attachions particulièrement à la prière et nous exercions à la charité, accomplissant plus de bonnes œuvres qu’à l’accoutumée. Nous avons entendu aujourd’hui aux vêpres qui précédaient la Liturgie des Présanctifiés comment commencer notre jeûne. Pendant le carême, nous devons « déchirer tout injuste contrat », autrement dit tenter de corriger toutes les affaires et tous les contrats malhonnêtes que nous aurions conclus, tous les mots menteurs que nous aurions prononcés ou écrits, toutes les fautes que nous aurions commises dans le passé dans nos relations avec notre prochain. L’Église nous rappelle avec ces stichères que le véritable carême ne consiste pas seulement en l’abstinence : il consiste aussi à partager son pain avec l’affamé, son toit avec celui qui l’en a pas, autrement dit aider notre prochain, quels que soient ses besoins.

Le Seigneur nous envoie chaque année ce printemps spirituel pour que nous nous mettions en route sur la voie du repentir et nous renouvellions spirituellement ; pour que les rayons de la lumière divine pénètrent dans notre âme sans y rencontrer d’obstacle, en illuminant jusqu’aux recoins les plus obscurs. Le Seigneur veut venir demeurer en nous, et seuls la ténèbre de nos péchés et notre froid intérieur l’empêche de nous éclairer et de nous illuminer de l’intérieur de sa lumière divine.

Avançons donc dignement sur le terrain du Grand carême. L’Église, par ses offices, par son cérémonial, nous conduit sur la voie du salut, veillant à ce qu’aucun d’entre nous ne reste en dehors du Royaume de Dieu, mais, ayant suivi ce chemin, atteigne le Royaume où le printemps ne cesse jamais, où le soleil brille toujours sans jamais être obscurci par le soleil, où tous les fidèles, unis au Seigneur se tiennent devant lui dans une allégresse sans fin. Amen. »