Le métropolite Kallistos (Ware), professeur de l’Université d’Oxford, président du Conseil des directeurs de l’Institut d’études chrétiennes orthodoxes à Cambridge, président émérite de l’Association orthodoxe des écoles de théologie (Oxford, Grande-Bretagne), n’est pas d’accord avec la décision du patriarche Bartholomée d’interférer dans les affaires ecclésiastiques en Ukraine, et il appelle de ses vœux une consultation panorthodoxe pour sortir de la situation de crise. C’est ce qu’a expliqué le hiérarque de l’Église de Constantinople dans une interview à la chaîne de télévision « Inter » (Ukraine), informe le Département d’informations de l’Église orthodoxe ukrainienne.

« La situation actuelle en Ukraine, à mon avis, est effectivement très sérieuse et ne touche pas seulement les orthodoxes d’Ukraine. Cette situation concerne toute l’Église orthodoxe », a souligné l’archipasteur.

Bien que » le Patriarcat de Constantinople ait octroyé, comme il l’affirme, l’autocéphalie à « l’Église orthodoxe d’Ukraine », celle-ci n’est reconnue ni par Moscou, ni par aucune autre Église orthodoxe », a constaté le métropolite Kallistos. « Aucune Église orthodoxe n’a soutenu le Patriarcat de Constantinople » a-t-il remarqué.

Son Éminence a rappelé que le Patriarcat de Moscou avait rompu la communion avec le Patriarcat de Constantinople.

« Nous, membres de l’Église de Constantinople, n’avons rompu la communion eucharistique avec qui que ce soit, mais la situation n’en est pas moins très sérieuse, a poursuivi le hiérarque. C’est pourquoi, de mon point de vue personnel, qui n’est pas celui du Patriarcat, et malgré mon profond respect pour le patriarche Bartholomée, je ne suis pas d’accord avec la décision qu’il a prise. »

L’archipasteur a expliqué sa position : « Il me semble suffisamment évident que l’Ukraine a fait partie de l’Église russe pendant plus de trois cents ans. C’est un fait historique, on ne peut rien changer au passé. C’est pourquoi je ne considère pas que l’intervention du patriarche de Constantinople dans les affaires d’un territoire qui fait partie de l’Église russe soit justifiée. »

Réfléchissant ensuite à la situation, le hiérarque a déclaré qu’il était « profondément inquiet du recours  à la force, et convaincu qu’on ne pourrait trouver de solution par la violence et les vexations ».

« A mon avis, l’expulsion violente des moines de la laure de la Trinité-Saint-Serge ou du monastère de Potchaïev pourraient provoquer une catastrophe ou un scandale. J’espère et je prie pour que cela n’advienne pas » a-t-il décalré.

Selon lui, on peut redresser cette difficile situation par des négociations. « Je me représente pas parfaitement quelle serait la meilleure démarche, mais je suis cependant convaincu qu’il ne faut pas chercher la solution dans le recours à la force, a dit Mgr Kallistos. Il faut améliorer la situation par la négociation. C’est pourquoi j’espère qu’il y aura une discussion sur les problèmes ukrainiens au cours d’une réunion de l’Église orthodoxe. »

« On peut convoquer de nouveau le Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe, comme en 2016, en Crète. Malheureusement, l’Église russe n’avait pas été représentée cette fois-là, mais il est possible de convoquer à nouveau le Concile. J’espère qu’avec la miséricorde de Dieu l’Église russe y assistera aussi » a-t-il déclaré.

Le métropolite Kallistos a rappelé que « nous appelons l’Église orthodoxe Église de la réconciliation, Église collégiale, or la collégialité sous-entend le respect mutuel et la capacité à s’entendre. »

« C’est pourquoi, parlons-nous ouvertement, honnêtement et avec la charité du Christ » a-t-il appelé.