Un hiérarque de l’Église de Chypre : les Églises orthodoxes locales doivent résoudre au plus vite la question ukrainienne pour éviter un schisme
Le 17 mars 2019, le métropolite Nicéphore de Kykkos et de Tyllérie (Église orthodoxe de Chypre) a déclaré dans une homélie, prononcée après l’office du Triomphe de l’Orthodoxie, au métochion du monastère de Kykkos, à Nicosie, qu’à cause de la question de l’octroi de l’autocéphalie à l’« EOd’U », l’unité de l’Orthodoxie au niveau mondial était menacée. C’est ce qu’expose le Département d’information de l’Église orthodoxe ukrainienne, se référant au site du DREE de l’EOU.
« La question de l’octroi de l’autocéphalie à l’Église orthodoxe ukrainienne a eu de sérieuses et lourdes conséquences, elle a empoisonné les relations interorthodoxes et fait du tort au Corps de l’Orthodoxie universelle. La situation de crise actuelle ne fait qu’empirer. Si elle n’est pas résolue à temps, un schisme risque d’apparaître, causant de graves dommages à l’unité de l’Orthodoxie et pouvant avoir des conséquences imprévues » a dit le métropolite Nicéphore.
Le hiérarque a constaté que face à cette situation dramatique, aucune Église autocéphale n’avait le droit de se taire et de rester tranquille, car l’ensemble des Églises locales constitue le corps de l’Église, une, sainte, catholique et apostolique. Par conséquent, selon le mot de l’apôtre, « lorsqu’un membre souffre, les autres souffrent avec lui » (I Co 12,26).
« Au cours de son histoire, l’Église orthodoxe a résisté à de nombreuses crises. Ce n’est pas étonnant, car l’Église est un organisme divino-humain et la partie visible, extérieure, de ce mystère divino-humain est constituée d’hommes, avec leurs imperfections. La racine de toute crise est l’esprit d’orgueil, l’égoïsme et la vanité de nos évêques. L’épouvantable schisme entre l’Orient et l’Occident, entre l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe, en 1054, n’a-t-il pas la même origine ? » a dit le métropolite Nicéphore.
« A mon humble avis, a souligné le hiérarque, il n’existe qu’une seule solution au problème qui inquiète aujourd’hui le monde orthodoxe, à la fois simple et compliquée, c’est d’appliquer le commandement de la charité et de l’humilité. « Sans la sainte Loi du Christ, déclare Dostoïevski, la fraternité ne pourra jamais régner » et la Loi du Christ, c’est l’humilité et la charité (…) C’est pourquoi nous, évêques orthodoxes, et avant tout les primats des Églises orthodoxes, en particulier ceux qui portent le titre de patriarche, doivent vivre chaque jour de leur vie dans un esprit de charité chrétienne et d’humilité, comme nous l’expérimentons à la liturgie, si nous voulons éviter les conflits et les schismes, si nous voulons que règnent entre nous l’unité et la concorde. »
Le métropolite Nicéphore a constaté que « la restauration entière de l’unité de l’Église orthodoxe et la prévention d’un schisme pénible est une nécessité urgente non seulement pour l’Orthodoxie, mais aussi pour la culture et pour l’histoire. » Par conséquent, selon lui, tous les hiérarques orthodoxes doivent « quitter les frontières de leur intérêt personnel », agir dans un esprit de charité et développer le dialogue.
Le hiérarque de l’Église orthodoxe de Chypre a déclaré que le seul moyen de résoudre le problème ukrainien et de renforcer l’unité de l’Orthodoxie était de convoquer au plus tôt un Concile panorthodoxe ou, si cela est trop compliqué, une synaxe des primats des Églises orthodoxes, qui, hors de la zone de pression politique, devraient s’exprimer dans un esprit de bon sens pour régler le problème ecclésiastique ukrainien menaçant l’unité de l’Orthodoxie.
« Depuis l’antiquité, notre Église orthodoxe est attachée à son système conciliaire de prise de décision. Tout le monde sait que lorsque des problèmes survenaient (hérésies ou schismes), les Pères de notre Églsie, tenant compte de l’esprit orthodoxe de collégialité, convoquaient des Conciles, d’abord locaux, puis œcuméniques, pour trouver une solution à ces problèmes. Par ailleurs, cette réalité ecclésiastique orthodoxe et cette tradition sont exprimées dans le message du Saint et Grand Concile de Crète, qui proclame que « L’Église orthodoxe exprime son unité et sa catholicité dans le Concile. Sa conciliarité façonne son organisation, la manière par laquelle elle prend des décisions et la détermination de son destin. » Or, l’encre avec laquelle a été écrit ce message n’a même pas encore séché », a dit le métropolite Nicéphore.