Des délégations de la majorité des Églises orthodoxes locales ont participé aux célébrations du 10e anniversaire de l’intronisation de Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie. L’un des principaux sujets de toutes les rencontres a été la situation de l’Église en Ukraine. L’archevêque de Michalovce et de Košice (Église orthodoxes des Terres tchèques et de Slovaquie) Georges (Stranski) a exposé à RIA-Novosti les opinions des leaders religieux.

  • Monseigneur, à l’issue des dernières rencontres et des négociations entre les chefs et les représentants des Églises orthodoxes locales, peut-on dire qu’il existe quelque chose comme une opinion commune sur ce qui se passe en Ukraine, une évaluation commune des actes du Patriarcat de Constantinople ? Comment les formuleriez-vous ?

Je pense qu’il existe une compréhension générale de la complexité de la situation. Nous avons tous parfaitement conscience de vivre un temps de crise, et qu’il nous faut réfléchir à l’état de l’ecclésiologie orthodoxe à l’heure actuelle. Mais chaque Église locale a ses propres attentes, sa propre histoire… En même temps, nous avons le désir de nous rencontrer, de résoudre ensemble le problème.

  • Comment pourrait-on surmonter la crise survenue dans l’Orthodoxie mondiale à cause de la question ukrainienne, quels sont les moyens, les issues possibles ?

Le plus facile est de dire qu’il faut prier. Oui, il faut prier. En premier lieu. En second lieu, nous devons préciser ce qu’est l’orthodoxie. Il faut comprendre que les temps impériaux sont terminés, qu’il n’y a plus d’aigles impériales, que l’orthodoxie dans le monde contemporain doit témoigner du Christ, crucifié et ressuscité, à tous les hommes.

Notre manière d’agir doit être moins grandiloquente, il est temps de commencer un réel travail avec les gens, d’être plus proches d’eux. Il faut en passer par là.

Les problèmes surviennent dans le monde orthodoxe à cause des prétentions de certains sièges à s’élever au-dessus des autres, mais nous sommes tous les évêques du Christ, il n’y a pas de différence entre nous. Certes, le primat a un ministère particulier, mais le primat est avant tout un évêque comme les autres. Il faut sortir, aller vers les gens, pour qu’ils sentent que nous sommes de vrais pasteurs, et non des princes. L’occasion est bonne. Si nous la saisissons, je suis sûr qu’avec la grâce de Dieu, nous serons capables de tout surmonter.

  • Que pensez-vous des dernières décisions du Patriarcat de Constantinople ? Non seulement sur « l’autocéphalie » ukrainienne, mais aussi, par exemple, sur l’autorisation de remariage pour les prêtres ?

Je ne pense pas qu’il faille résoudre ce type de question de cette façon : j’ai décidé, et tous les autres doivent faire avec. Nous devons en parler. Quant au remariage des prêtres et à d’autres décisions, cela doit être discuté par tous dans le cadre du Concile de l’Église orthodoxe, et nous devons expliquer pourquoi c’est mal. Ou, au contraire, pourquoi ceci ou cela est bien. Prenons nos décisions collégialement, tenant compte des avantages et des inconvénients ! C’est pourtant dans la tradition de l’Église orthodoxe ! C’est ce que nous devons faire.

  • A quelles difficultés est actuellement confrontée l’Église orthodoxe des Terres tchèques et de Slovaquie ? Quels sont ses espoirs pour l’avenir ?

Nous sommes une minorité. La plupart des chrétiens, dans notre région, sont uniates. Nous, l’Église orthodoxe, sommes une toute petite communauté. Mais ne nous plaignons pas.

Quels sont nos problèmes ? Les mêmes que dans toute l’Europe. Principalement une très forte sécularisation. La jeunesse ne nous comprend pas… La mission de l’Église consiste à parler dans une langue compréhensible aux jeunes. Il ne s’agit pas de « se laisser contaminer par le siècle » ; mais de chercher de nouvelles méthodes de mission et d’approche, sans pour autant, bien entendu, biaiser avec nos valeurs, avec les vérités évangéliques. C’est la tâche la importante qui incombe aujourd’hui à notre Église.