Les primats des Églises orthodoxes d’Antioche et de Serbie ont appelé le patriarche Bartholomée de Constantinople au dialogue, avec la participation de tous les chefs des Églises orthodoxes locales
A la suite de la visite irénique du patriarche Jean d’Antioche au Patriarcat de Serbie, les primats de ces deux Églises orthodoxes sœurs, Sa Béatitude le patriarche Jean d’Antioche et Sa Sainteté le patriarche Irénée de Serbie, ont publié une déclaration commune.
Les hiérarques ont souligné que cette visite se déroulait alors les fidèles enfants de l’Église orthodoxe d’Antioche en Syrie, au Liban et au Proche-Orient étaient encore éprouvés par des circonstances complexes et douloureuses, ainsi que dans un contexte de crise du monde orthodoxes, les évènements se développant très rapidement et pouvant provoquer une division de longue durée au sein de l’Église orthodoxe.
Au cours des discussions qui ont eu lieu pendant cette visite, dans un climat de paix, de charité, de confiance et de franchise, les deux hiérarques ont discuté des possibles moyens de diminuer la profondeur de la crise, pour parvenir à rétablir l’unité et le consensus entre les Églises orthodoxes locales. Le dialogue s’appuyait sur des principes véritablement ecclésiaux, différents d’actes unilatéraux visant à défendre des intérêts particuliers.
S’appuyant sur la ressemblance de leur histoire respective, permettant de développer le témoignage dans le monde contemporain, les patriarches des Églises de Serbie et d’Antioche ont constaté l’importance des efforts de l’Église serbe pour préserver son patrimoine historique, spirituel et culturel, notamment au Kosovo et en Métochie, considérés à juste titre comme la patrie de l’Orthodoxie serbe.
Constatant avec douleur la poursuite d’assassinats des populations, la recrudescence des actes terroristes, l’immigration forcée et les différentes formes d’instabilité politique et sociale dans les pays du Proche-Orient, les chefs des deux Églises ont souligné que les fidèles du Patriarcat d’Antioche vivaient sur ces terres depuis plus de 2000 ans et n’étaient donc pas une minorité nationale, mais faisaient partie intégrante du tissu social historique des états de la région, ayant l’intention de continuer à vivre sur ses terres et d’y sauvegarder le témoignage chrétien. Il a été reconnu important d’aider par tous les moyens l’Église orthodoxe d’Antioche dans sa mission salutaire au Proche-Orient. Le conflit pourra être résolu pacifiquement au moyen d’un dialogue franc, respectant les droits de chacun afin de coexister pacifiquement en tenant compte de la diversité religieuse.
Les patriarches ont invité la communauté internationale à attirer l’attention, tant au niveau international qu’au niveau régional, sur le sort de deux leaders chrétiens d’Alep, disparus il y a cinq ans, afin d’obtenir leur libération et leur retour.
Les Églises serbe et antiochienne regrettent que le différent entre les Patriarcats d’Antioche et de Jérusalem ne soit toujours pas résolu et n’ait pas été examiné en son temps par toutes les Églises orthodoxes locales.
Les Églises serbe et antiochienne expriment leur profonde inquiétude quant au danger de division qui menace aujourd’hui les Églises orthodoxes locales, résultant de décisions prises unilatéralement, influençant le consensus et les rapports fraternels entre Églises.
C’est pourquoi les deux Églises affirment que la consolidation de l’unité de l’Église orthodoxe a une grande importance. Cette unité s’exprime par la conciliarité, par des consultations et par la prise de décisions sur la base des normes canoniques et du consensus entre les Églises orthodoxes. Les deux patriarches ont déclaré que les questions essentielles, comme l’octroi de l’autocéphalie, devaient être résolues par le dialogue panorthodoxe et par le consensus.
Les hiérarques estiment que la situation en Ukraine, résultant des actes du Patriarcat de Constantinople, constitue une menace capable de provoquer une division de longue durée au sein de l’Église orthodoxe. C’est pourquoi, tenant compte de la nécessité absolue d’éviter une nouvelle escalade de la crise actuelle, les patriarches serbe et antiochien invitent le patriarche Bartholomée de Constantinople à rétablir le dialogue fraternel avec l’Église orthodoxe russe, afin de résoudre le conflit entre les patriarcats de Constantinople et de Moscou, avec l’aide fraternelle et la participation de tous les chefs des Églises orthodoxes locales.
Le patriarche Irénée de Serbie a annoncé son intention de rendre prochainement une visite irénique au Patriarcat d’Antioche.