Le soir du 5 avril 2019, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a célébré la liturgie des Présanctifiés dans l’église Notre-Dame-Joie-de-tous-les-affligés, rue Bolchaïa Ordynka, à Moscou.

Après la litanie instante, l’archipasteur a lu la prière pour la paix en Ukraine.

Ensuite, Mgr Hilarion a prononcé une homélie :

« Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit !

La 4e semaine du Grand Carême tire à sa fin, et, aujourd’hui, au cours de cette liturgie des Présanctifiés, nous avons entendu la lecture d’un passage du livre de la Genèse, où Dieu ordonne à Abraham de se rendre dans un pays inconnu. Il acquieça avec la confiance infinie en Dieu qui le caractérisait, avec sa foi inébranlable. Abraham se leva et partit, prenant avec lui sa maisonnée, ses domestiques, ses troupeaux. Il se dirigea vers un pays qu’il ne connaissait pas, sans savoir comment il était, comment il y serait reçu, s’il y serait reçu.

Lorsqu’Abraham arriva dans ce pays, il découvrit que ce n’était pas un lieu désert, mais qu’il était habité par les Cananéens. La suite de l’histoire des descendants d’Abraham, dont Dieu prophétisa qu’ils seraient plus nombreux que les grains de sable, sera une longue lutte avec les habitants de ce pays, qui les considérèrent comme des étrangers malvenus. Mais telle était la volonté de Dieu, tel était le dessein de Dieu. Elle consistait en ce que d’un homme, comme dit l’apôtre Paul, devrait sortir un grand peuple. Cependant, le sens de la promesse n’est pas seulement qu’un peuple en particulier apparaîtra sur la terre (il y a beaucoup de peuples auxquels le Seigneur donna l’ordre d’être féconds de se multiplier sur la terre), mais qu’il plut au Seigneur de faire sortir de ce peuple le Messie, le Christ, le Sauveur du monde, de tous les peuples et de tout homme.

Abraham ne pouvait pas savoir jusqu’où irait cette promesse. Une lecture littérale de l’Ancien Testament laisse penser qu’il s’agit uniquement d’un seul peuple. Mais si l’on lit l’Ancien Testament à la lumière du Nouveau (et c’est ainsi que les Pères enseignent à lire les textes vétérotestamentaires, comme des préfigurations des réalités néotestamentaires), tout ce qui est dit d’Israël en tant que peuple peut s’appliquer au nouvel Israël, peuple de Dieu universel, qui ne se compose pas des descendants d’Abraham par le sang, mais de ses descendants en esprit, comme dit l’apôtre Paul dans sa lettre aux Romains. Abraham n’est pas seulement le père de ceux qui descendent de lui, mais aussi de ceux qui sont ses fils et ses filles spirituels, ceux qui ont hérité de sa foi, de son espérance en Dieu.

En ces jours du Grand Carême, la lecture à l’office aussi bien des textes du Nouveau que de l’Ancien Testament, rappelle qu’il y eut à l’époque vétérostestamentaire des hommes qui, par leur foi et par leur espérance en Dieu, préparèrent le chemin du Seigneur, rendirent droite Sa voie. Tous ont été les précurseurs du Seigneur Jésus Christ, Abraham, Isaac, Jacob, Joseph et les autres descendants d’Abraham, les prophètes et tous les justes de l’Ancien Testament jusqu’à Jean Baptiste. Tous vécurent avec l’espoir de Son avènement, dans la foi et dans l’attente.  Nous sommes les héritiers de cette promesse, nous sommes le nouveau peuple d’Israël qui hérita d’Abraham non par la chair, mais par l’esprit.

La vie d’Abraham fut un pèlerinage, une marche vers la Terre promise. Notre vie est aussi un pèlerinage. Nous sommes des pèlerins sur cette terre. Nous aussi avançons, comme Abraham, vers la Terre promise et, comme lui, nous ne savons pas ce qui nous attend. Mais nous espérons en la miséricorde de Dieu et en ce que cette terre sera pour nous une terre bénie. Pour parvenir à cette terre, pour en hériter, il faut vivre en suivant les commandements du Seigneur.

En ces jours du Grand Carême, comparons encore et encore notre vie à la loi évangélique et aux exemple de la vie des justes de l’Ancien Testament. Prions le Seigneur qu’Il affermisse notre foi, notre espérance, notre amour pour Lui. Prions pour que le pèlerinage que nous avons commencé sur cette terre, et qui s’achèvera au seuil de la mort, nous mène au Royaume des Cieux qu’Il nous a promis. Amen. »